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mercredi 7 mai 2014

Caraz et sa cordillère blanche

place centrale de Caraz
Nous voici donc dans le bus de nuit tout beau, tout chaud... Il est complet et sent un peu le Pérou. Il est 23h et c'est parti pour le show! Devant nous le père de famille joue de la batterie avec son fils de 6 ans. "Impec, énerve le un peu plus et il sera impossible de le coucher le drôle... " A droite, un autre gosse commencera à pleurnicher. Sa mère ne sachant plus quoi faire, elle le laissera pleurer jusqu'à qu'il s'assèche et s'endorme... Derrière nous, une jeune femme de 50 ans avec sa mère de 80 ans. Rien de surprenant. Sauf que pendant la nuit ce sera un spectacle vivant: la jeune commencera à ronfler comme c'est pas permis,  la tête posée sur le dossier du siège d'Anne... puis ses deux bons gros bras tomberont littéralement sur Anne qui lâchera un petit cri d'affolement... Bien réveillé, je renverrai les mains de mamita dans leur camp qui se réveillera et commencera à crier "Mama!!!"... Au départ, nous n'avions pas forcément prêté attention mais il s'avère en fait que la jeune femme n'était pas tout à fait finie... Ça arrive parfois...

Contents d'être arrivés à Huaraz, nous prendrons un petit combi et nous nous rendrons à Caraz, petite ville située à 2h de route au pied de la cordillère blanche dans le parc national Huascaran. Caraz est situé à 2250m et outre un climat plus clément, elle offre surtout plus de tranquillité que Huaraz. Petite visite rapide de la ville et de son marché, nous irons ensuite glaner quelques infos auprès de la seule agence de trek de la ville afin de préparer notre trek du Santa cruz prévu le lendemain.        

un des stands du mercado

Le trek du Santa Cruz, mais c'est quoi donc ? Situé au cœur d'une vallée glaciaire de la Cordillère Blanche et le Parc National du Huascaran, la plus haute cordillère tropicale du monde avec 35 sommets au dessus de 6000m, l’une des plus belles de la planète, ce trek au dénivelé progressif, nous emmène en randonnée entourée de sommets mythiques (Alpamayo, Arteson, Paria…) le long du Río Santa Cruz... et nous donne l’occasion de voir le plus haut sommet du Pérou: le Huascaran (6780m)... Rien que ça! Il part de Cashapampa et va jusqu'à Vaqueria. Pour y aller plusieurs possibilités: passer par une agence (=rando avec guide et mules) ou se débrouiller seul (=pas de guide et obligation de porter son manger... mais ça coute beaucoup moins cher!) Bien entendu, nous choisirons la deuxième option et irons louer tente, réchaud et matelas de sol à notre agence préférée de Caraz. Reste la nourriture et pour ça, il y a le super mercado (à ne pas confondre avec le supermercado) qui propose à peu près tout ou presque... 


Jour 1 : Caraz – Cashapampa - Llamacoral
 
la cordillère noire (en face de la cordillère blanche)
Sacs chargés à bloc, de fruits, de soupe lyophilisées et de gâteaux, nous voilà partis (à 10h30) dans un taxi en direction du village de Cashapampa (2900m). Une heure plus tard, en pleine ascension, petite crevaison du taxi, normal... A peine le temps de faire une pause pipi, que notre chauffeur a changé la roue. Il ont l'habitude ici, ça se voit, et surtout ça se comprend quand on voit l'état des routes! Puis on commencera enfin à marcher et arriverons à l'entrée du parc où il faut payer un peu plus de 15€ par tête... Comme d'habitude au Pérou, Mr le contrôleur n'aura pas de monnaie et nous demandera d'attendre qu'il descende au village pour faire de la monnaie... Pas le choix, nous attendrons 15min, et tenterons de garder notre calme... "Il est midi et on est censé faire une marche de 5h aujourd'hui... Ça part pas très bien tout ça!" 

Une bise au Sergent Garcia revenu avec sa monnaie, nous voilà enfin partis marcher... Nous crapahutons avec nos sacs TRES lourds (le mien doit peser pratiquement 20kg et celui de Anne pas moins de 15kg, ce qui est beaucoup trop...) sur un sentier très étroit, trop étroit d'ailleurs. Nous rencontrerons de jolis porcinets et quelques mètres derrière la grosse mama venue défendre ses petiots... enfin c'est ce que l'on croit.. car en fait elle voudra surtout manger le sac de pains qu'Anne transporte derrière elle... Je laisserai ce combat de femmes se régler seul... Anne sortira victorieuse grâce notamment à son baguette magique d'alpiniste... Nous marcherons ensuite sur d'énormes cailloux le long d'une rivière. Au bout d'une demi-heure, plus de trace du sentier... Du coup, le doute s'installe... "Ce serait-on trompé de chemin ? Bah un peu mon n'veux!" Un local passant de l'autre coté de la rivière nous montrera la voie... Allez demi-tour gauche, on vient de perdre une heure avec ces conneries... "On est mal Ramirez!"


Une fois sur les bons rails, nous commencerons notre marche en montée au fond d’un canyon. Un faux plat très montant... Le temps se gâtera et arrivera la pluie sur les coups de 15h. Randonner chargé en montée c'est déjà difficile mais alors sous la pluie... Évidement le Santa Cruz normalement visible du chemin, se cachera sous les nuages... Tant pis pour nous. La nuit arrivant, nous planterons la tente (sous la pluie) une heure de marche avant le camp de Llamacoral (3700 mètres). C'est pas grave, on marchera plus demain et avec un peu de chance, il fera beau!



Jour 2 : Llamacoral – Lacs de Chiquicocha et Hatuncocha – Taulipampa

Après la pluie le beau temps. Nous prendrons notre petit dej au soleil en compagnie de deux bourriquets déjeunant eux aussi près de notre tente. Cette journée sera superbe et sans grandes difficultés. Nous traverserons la grande plaine de Taulipampa et passerons par 2 superbes lagunes : Chiquicocha et Hatuncocha, bordées de queñual, arbre andin d’altitude, et entourées de plusieurs sommets enneigés. Nous profiterons d’une superbe vue sur le Taulijaru, montagne que nous admirerons toute la journée ainsi que le lendemain.











lagune de Chiquicocha - avec ses chevaux et vaches




Nous continuerons à flanc de montagne, jusqu’à notre campement à Taulipampa (4200 mètres). Arrivés vers 16h, le ciel sera dégagé. En récompense de nos efforts, nous pourrons admirer le mythique Alpamayo (montagne en forme de pyramide déclarée la plus belle montagne du monde lors d’un concours de photographie à Munich en 1966) ainsi que de nombreux pics enneigés nous entourant. Le panorama est magnifique. On se sent si libre d'un coup, là, au milieu des montagnes enneigées. L'air est si pur, un véritable "pur" moment de bonheur.


Jour 3 : Taulipampa – Col de Punta Union - Huarypampa

ascension du col de Punta Union
Cette journée sera la plus longue du trek, mais la beauté des paysages nous fera "presque" oublier la fatigue. L'ascension est longue, les lacets interminables, et le manque d'oxygène commence à se faire sentir. Après 3h de marche,  nous arriverons au Col de Punta Union, à 4750 mètres d’altitude, d’où nous observons émerveillés les sommets enneigés qui nous entourent ainsi qu'une lagune bleue turquoise à "quelques mètres" d'un glacier gigantesque.





Au sommet nous retrouvons Eloïse et Erwan, deux français rencontrés à notre hôtel avec qui nous avions sympathisé. Après une courte pause photo, nous redescendrons de l’autre côté, et passerons au bord de plusieurs lacs, avant de traverser une superbe forêt de Queñuals. Nous atteindrons notre campement au lieu dit Huarypampa (3700 mètres), au bord de la rivière. Le plus dur est derrière nous. "Bueno!"




Jour 4 : Huarypampa – Vaqueria

Nous traverserons plusieurs petits villages typiques avant d’atteindre, après 3 heures de marche, Vaqueria, point final de notre trek.








Il nous avait été conseillé d'arriver avant midi au village car, passé cette heure, nous n'étions pas sûr d'avoir un bus ou un combi pour Caraz... Bons élèves que nous sommes, nous arriverons avant midi et là surprise, un deuxième sergent garcia, allias Pépito, nous annoncera que le bus de "midi" est déjà passé... (C'est le "mas o menos" du Pérou) " Mais ne vous inquiétez pas, il y en a un autre prévu à 13h et un autre à 14h30... " nous dira Pépito. Contents, nous prendrons l'apéro et attendrons patiemment le bus... 



En fait, nous attendrons longtemps... Deux bus passeront sous notre nez, à fond les ballons ou remplis au possible. Un des conducteurs aura l’honnêteté de nous dire que le mieux pour nous sera de camper ici et de prendre le prochain bus qui passera à 4h du mat...  Ben voyons... Nous avons mal au dos, nous puons et à part des chips et potentiellement du cuy (cochon d'inde qui se prononce "couille"), il n'y a rien à manger ici... "Tu crois quand même pas qu'on va rester ici!" A partir de ce moment, nous sommes passés par plusieurs phases. D'un coté les défaitistes (moi y compris): j'irai repérer les lieux pour un éventuel campement et d'un autre les optimistes, prêts à tout pour négocier un taxi ou combi, ou tout autre véhicule capable de nous ramener à Caraz! On y croyait plus, mais finalement après 4h d'attente et de fines négociations, Erwan nous dégotera un combi qui nous ramènera à Yungay. De là il ne nous restera plus qu'à prendre un autre combi jusqu'à Caraz... Trop facile!

en attendant le bus...
Nous monterons donc en combi jusqu’à un col d’où nous aurons une superbe vue sur les sommets Huascaran, Huandoy, Pisco, et les lagunes de Llanganuco au fond de la vallée. Je crois n'avoir jamais descendue une route en lacets aussi pentue. La vue est saisissante et vertigineuse. On peut voir l'énorme glacier du Chopicalqui (6354m) et le sommet pointu du Pisco... Magnifique.

4h de route et nous voici rentrés au bercail contents de retrouver notre lit et surtout la douche chaude!!! "Que rico!" 

Les montagnes aux alentours sont si belles et si variées que l'on se dit qu'on pourrait rester ici marcher pendant plusieurs semaines.Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. Pris par le temps, nous partirons le lendemain vers le nord, vers Trujilo près de la coté pacifique, via le canyon del Pato... sensations garanties !!!

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